Les caractéristiques de Cheverny et de Cour-Cheverny.
Cheverny et Cour-Cheverny sont deux villages situés en Sologne, sur la rive gauche de la Loire.
Comprendre et démêler ces deux appellations est un problème d’équilibriste. Je vais tenter de m’y atteler. Tout d’abord, pour que vous compreniez, voici une carte :
Vous le voyez aussi bien que moi : des hachures sur une carte d’appellation, c’est assez rare. L’explication est aussi simple que prise de tête. Il est possible de produire du Cheverny dans toute l’aire « rose saumon », mais il n’est pas possible de produire du Cours-Cheverny en dehors de ce qui est hachuré. Simple comme une queue de pelle.
- Cheverny, ce sont : 574 ha sur 25 communes pour une quarantaine de vignerons
- Cours-Cheverny, ce sont : 60 ha sur 11 communes pour une vingtaine de vignerons
A savoir également que Cheverny et Cours-Cheverny sont deux villages solognots qui partagent le même tissu urbain. Rien ne les sépare. Au demeurant sympathiques, à part le château de Cheverny, rien n’est proprement intéressant.
Vous comprenez d’un coup d’œil l’intérêt du Cours-Cheverny. Sur 60 hectares sont produits 100% du romorantin à l’échelle mondiale. C’est d’ailleurs la seule et unique variété acceptée au sein de l’appellation Si vous n’aviez jamais entendu parler de cette variété, c’est donc tout à fait normal : elle est rarissime et pourtant incroyable !
Pour la décrire, on peut dire que le Romorantin est l’opposé du Sauvignon : le vin est très neutre dans sa jeunesse et explose littéralement après trois ou quatre ans de garde. En cela, vous devez être vigilants pour le déguster ! Plus vous attendez, plus il prendra de belles allures dorées et un goût délicieux de miel et d’acacia…
Il doit être récolté bien mûr sans quoi l’acidité risque d’être trop présente. La légende voudrait que François Ier l’ai planté du temps où il était de passage dans la ville de Romorantin. C’est très peu probable, mais les belles histoires font aussi les bons vins. Une étude à été menée à la fin du siècle dernier, il est sûr que son ascendant direct est le Pinot Noir.
De son côté, l’appellation Cheverny est un peu plus fourre-tout. Le Romorantin est exclut de son encépagement. Sont autorisés le Sauvignon Blanc, le Chardonnay, le Pinot Noir le Gamay et le Cabernet Franc. Il est interdit de réaliser un millésime avec 100% d’une même variété. C’est pourquoi il n’est pas rare que les producteurs y ajoutent seulement 5% d’un autre cépage autorisé.
Un peu d’Histoire…
Si nous connaissons Cheverny et son château grâce a Tintin et Moulinsart, nous sommes tous moins familiers avec ses deux appellations et son fameux cépage : le Romorantin. Tout est dit à propos de son implantation dans la Région, son contraire est souvent cité également. Retenons ici la légende qui s’est officiellement transformée en Histoire, car lorsque nous ne sommes sûrs de rien, les légendes ont au moins le mérite de nous faire un peu rêver.
Il se trouve que François I et sa mère, Louise de Savoie, passèrent quelques temps en villégiature dans une localité appelée Romorantin. Vous me voyez venir. Notre bon Roi François fit venir quelques 80.000 plants de Bourgogne pour les planter en sa demeure. Le Romorantin que nous avons ici serait directement issu de ces plants importés par François I et sa mère.
A part cela, comme un peu partout sur la Loire, l’activité viticole a commencé grâce au concours de l’église et de l’activité monastique, très florissante le long de la Loire. Les rois de la pré-Renaissance et de la Renaissance qui s’installent le long du fleuve avec leur immense cour participent à faire connaître ces vins.
Enfin, ce qui inscrit réellement dans le marbre les vins de ce côté-ci de la Loire est un acte du Parlement de Paris au XVIème siècle qui dispose que personne dans la Région parisienne ne puisse acheter un vin produit à plus de 88km de la capitale (20 lieues). Les vignobles d’Orléans d’abord puis de Sologne explosent. Cheverny participe à l’enrichissement collectif.
Quels producteurs visiter à Cheverny et à Cours-Cheverny ?
Encore et toujours la sempiternelle question ! Je n’en avais pas non plus la moindre idée avant de m’y rendre, et je crois avoir pu en isoler quelques-uns qui valent sacrément le coup !
Tout d’abord, je vous invite sincèrement à vous rendre Chez Cyrille Sevin à Mont-Près-Chambord. Cet ancien professeur de math en Région parisienne s’est reconverti en musicien des vins. J’utilise le terme musicien, car à le voir à l’oeuvre c’est vraiment la caractéristique qui transparaît le plus. Nous sommes arrivés dans son chai après sa récolte de fleurs de sureau. L’odeur était si merveilleuse qu’elle semble encore présente ! Il en fait un délicieux vin pétillant de sureau, que nos « amis » anglais appellent « champagne de sureau ».
Pour son crémant, il n’hésite pas à récolter son menu-pineau plus tard pour ne pas à avoir à ajouter de sucre lors des fermentations. De même pour le Romorantin, il le récolte le plus mûr possible et le fait fermenter pendant près d’un an pour lui donner un corps gras et crémeux vraiment intéressant !
Sur votre route depuis Cheverny vers chez Cyrille, vous passerez par « l’Epicourchois » de Luc Percher qui nous a très gentiment reçus malgré notre absence de rendez-vous. J’ai beaucoup apprécié son intention de commencer les fermentions à 5°C. Ainsi, la température augmente afin que tous les arômes se développent au mieux. De même, la production de ses vignes de Romorantin plus que centenaire est absolument sensationnelle !
Ensuite, le Domaine des Huards est, je pense, le plus conventionnel des producteurs « bio / nature » de l’appellation. Si vous voulez vous faire une idée globale et savoir à quoi vous attendre, n’hésitez pas à frapper à leur porte aux heures d’ouverture !
De même, le domaine de Montcy est un domaine plutôt imposant de 28 hectares, qui a été racheté il y a quelques années par des investisseurs de la capitale mais qui cultivent très bien. Nous avions goûté un de leur vin lors d’une dégustation à Saumur et nous voulions absolument les visiter, nous n’avons sincèrement pas été déçus.
J’ai beaucoup apprécié leur utilisation de barrique de chêne de Chambord. Je crois beaucoup au fait que le contenant soit très important pour le contenu. Le fait que l’entièreté des matériaux « organiques » utilisés pour la production proviennent des même sols et climats doit sûrement avoir un impact positif sur le produit final.
Enfin, vous ne pouvez pas manquer un arrêt auprès de Christian Venier à Candé-sur-Beuvron qui est un grand nom très discret de la Région. Il a commencé sa production dans les années 90 et fut un véritable précurseur dans l’appellation, à contre-courant de la mécanisation absolue et promoteur d’un artisanat plus respectueux de la vigne, de la terre et du vin.
Et en guise de bonus, voici d’autres noms qui ferait pâlir d’envie tout chasseur d’or rouge et blanc liquide :
- Hervé Villemade qui produit un Gamay/Pinot de soif merveilleux.
- Le clos de tue-boeuf par Zoé et Thierry Puzalat.
- Ou encore le Domaine Tessier par Simon et Philippe du même nom. Pour ces derniers, le bruit court qu’ils vendent des cubis de vin nature pour moins d’une trentaine d’euros, je ne suis pas allé vérifier malheureusement mais je suis sûr que ça vaut le coup d’essayer !
- Bien sûr, n’hésitez pas à aller jeter un oeil sur le site de la maison des vins de Cheverny, ils sont très bien organisés et sauront vous aiguiller en fonction de vos envies !
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