Au cours de notre périple à vélo le long de la vallée de la Loire, nous avons voulu faire une embardée par le nord pour rejoindre Vendôme et la très tranquille vallée du Loir. Cette petite rivière se jette avant Angers dans la Maine qui elle même se jettera dans la Loire quelques kilomètres plus loin.

Le Loir est la définition même du bucolisme. Tout là bas n’est que calme et volupté. La végétation y est verdoyante, les cours d’eau aussi doux que le vin produit sur leurs flancs. De temps à autres émergent un château, un clocher anticipant les toitures d’un village oublié, une ferme rougissant au soleil, quelques têtes de bétail se repaissent de l’herbe grasse.

Et soudain… La maison du Maître Ronsard !

Et, également : les vignes. Et quelles vignes ! Les ceps, apposés sur le tuffeau ou la craie se prélassent au soleil la journée, se rafraîchissent la nuit pour garder vibrante leur acidité, et nous proposent une palette d’arômes parfois parfaitement méconnus. Qui ici a déjà bu un Pineau d’Aunis du Vendômois ? Qui s’est délecté d’un Chenin de Jasnières ? Ces noms, qui étaient aussi inconnus pour moi que pour vous, je vais essayer de vous les décortiquer !

Trois principales appellations sur le Loir

Les vins du Loir

Sur notre route en vélo, nous avons quitté Cheverny et Cour-Cheverny la veille pour faire une halte à Chaumont, voir l’impressionnant château dominant la Loire de toute sa majesté, (visitez les châteaux de la Loire : ici !), déjeuner une des meilleures crêpes de notre vie (non mais sincèrement, si vous êtes dans le coin, allez faire un tour au petit troglo, en plus leur carte des vins natures est à tomber par terre) et nous avons bifurqué plein nord à travers champs pour bivouaquer peu avant Vendôme.

Nous y avons découvert une ville étonnamment animée, pleine de vieilles pierre, patrie de Ronsard et de Rochambeau, nous nous sommes allègrement prélassés sur la place du centre ville et dans le parc de la mairie avant de commencer les choses sérieuses : déguster autant de vins que possible.

1)Le Vendômois

En arrivant à Vendôme, logique, vous débarquez dans le Vendômois. Petite, très petite appellation qui réserve beaucoup de surprises. Avec 140 hectares et une petite dizaine de producteurs, il n’est pas si difficile de se faire une bonne idée de ce qui y est produit.

Sur les côteaux du vendômois sont produits majoritairement du Pineau d’Aunis, du Cabernet Franc ainsi que du Gamay. Quelques bouteilles de Chenin y sont également produites.

La tranquillité du Loir…

De nouvelles vignes sont plantées directement sur les côteaux versants sur la ville de Vendôme, juste derrière la caserne des pompiers. Pour la plupart plantés en bio ou en biodynamie, cette volonté de la municipalité de faire renaître la viticulture historique au sein de ses frontières est à souligner.

Sans quoi, il faut faire quelques kilomètres (peut-être 10-15min en voiture, 30 min de vélo) pour aller à Thoré-la-Rochette ou à Villiers-sur-Loir pour déguster les meilleurs Pineau d’Aunis de votre vie !

Les sols sont à majorité composé de Tuffeau et parfois de l’argile à silex. En général le climat est frais, ce qui donne des vins légers et acides. La situation tend à évoluer avec le réchauffement climatique, mais on est loin d’avoir des vins lourd est imbuvables !

Je vous donne les bons plans en fin d’article !

2) côteaux du Loir

A l’instar des côteaux du Vendômois, l’aire de répartition de l’appellation est extrêmement mince : 70 hectares pour 29 domaines.

Les vignes sont majoritairement cultivées sur un sol argilo-siliceux et sur de la craie de Tuffeau, ce qui va teinter de rubis les vins rouges et joliment cristalliser les blancs.

Nous y trouverons à majorité du Cabernet Franc et du Chenin, tout en y trouvant des compléments en Pineau d’Aunis, Côt, Gamay, Grolleau…

Jeanne nous accueille au Domaine de la Roche Bleue

Au nord, une grande forêt (celle de Bercé), épaisse et composée de chênes, protègent le vignoble de l’influence des vents frais et laisse les vents plus tempérés de l’Atlantique s’engouffrer par le Loir.

3) Le bonus : Jasnières

Jasnières est plus une colline qu’une appellation. Lorsqu’on est en vélo, on le sent rapidement dans les cuisses !

Appellation reconnue depuis 1937, les vins y sont reconnus depuis qu’Henri IV en fit venir à sa cour !

80 hectares sont effectivement cultivés et 20 producteurs se partagent ce beau chenin qui cuit sous le soleil de la Sarthe. Le chenin est en effet le seul cépage autorisé sur l’appellation, ce qui en fait en partie sa renommée.

Les domaines à visiter !

La fameuse question ! Nous avons fait un beau tour des producteurs, certains intéressants, d’autres tout bonnement incroyables. Voici les noms, allez-y les yeux fermés !

Dans le vendômois :

Le domaine de Montrieux géré par Arianne Lesné entreprend un grand virage et va se concentrer surtout sur Vendôme. Sur ses 6 hectares de vignes, elle produit notamment du Pineau d’Aunis et du Gamay Teinturier. Les noms de ses millésimes comme « Picrochole » ou « Grand Gousier » rappellent que l’illustrent Rabelais écrivit son Gargantua non loin de là…

A Thoré-la-Rochette, vous trouverez le domaine colin. Famille installée depuis au moins la Révolution. Ils convertissent tôt leurs 30 hectares à la viticulture en biodynamie et réalisent des vins avec une moindre intervention. Chenin et Pineau d’Aunis forment la base du domaine. D’après eux, ils possèdent le dernier Chenin poussant sur calcaire autour de Vendôme… Même si l’info est un peu galvaudée, ça vaut le coup d’y jeter un œil : la fraicheur de ce dernier et leur Pineau épicé vaut 36 fois le détour !

De même, le Domaine Brazillier, dans le même village, est un autre « petit-grand » du Vendômois.

Enfin, Charles Jumert est un producteur un peu plus conventionnel dans les méthodes mais ses cultures sont raisonnées et joie de vivre se ressent dans ses vins !

Côteaux du Loir

Le domaine de la Roche Bleue est une petite pépite de 5.5ha. Sébastien commence ses première vendanges à la Réunion (!) avant de se rapatrier sur le Loir. Perchés sur les hauteurs de Marçon, ils ont aménagé un chai hyper accueillant et des vins assez fous. Leur Pineau d’Aunis / Gamay vaut largement le détour !

Enfin, le domaine de Bellivière qui s’étend sur 18 hectares est un nom bien ancré sur le Loir. En Biodynamie depuis 13 ans, ils produisent un chenin très acide (j’adore !) et leur Pineau d’Aunis est poivré à souhait ! J’avais eu la chance de goûter leurs vin à Los Angeles en 2022 et les visiter sur place a été une belle expérience !

Dégustation au domaine de la Bellivière

Jasnières

Je ne connais personne produisant du 100% Jasnières, mais je suis sûr que cette perle rare existe ! Toutefois la Grange Bleue et Bellivière que j’ai mentionné plus haut produisent un excellent Chenin de Jasnières !

… Et si vous voulez en savoir plus sur les vins de la Loire :